mardi 23 juillet 2013

Man of Steel, part II - Ma Review en Français


17 x 22 / A 3



English translation to come in the post "Man of Steel, part III :)


Réalisé par Zach Snyder, le réalisateur de 300 et de Watchmen, Man of Steel commence par vous mettre une bonne claque en débutant par une scène choc ! Celle de l'accouchement de Lara El, donnant naissance au petit Kal, dans une société kryptonnienne où les enfants n'ont plus été conçus naturellement depuis des siècles. Lara et Jor El (Ayelet Zurer & Russel Crowe, tous deux impeccables) sont un couple de scientifiques dissidents, qui ont décidé de braver l'interdit en faisant naître un enfant qui sera le dernier fils de Krypton, la planète étant sous la menace d'un cataclysme imminent, ainsi que d'une révolution, et d'un coup d'état mené par le très jusqu'au-boutiste général Zod (Michael Shannon, très impressionnant).

Sur Krypton, tout est décidé à l'avance, et chacun est programmé dès l'enfance, pour une tâche bien précise. La planète en elle-même est des plus dépaysantes. Au dessus de ses montagnes, et de ses tours sombres, flottent d'étranges vaisseaux dans une atmosphère baignée d'un soleil rouge. En cela, l'univers tel que repensé par Zach Snyder est très éloigné de celui de Richard Donner en 1978, et c'est la première surprise du film. La deuxième, c'est cette étrange technologie kryptonnienne, basée sur une matière non moins étrange dont on ne saurait dire si elle est minérale ou métallique, et qui a la capacité de changer de forme, à grands renforts d'effets spéciaux !

Ici, le dépaysement est total, et il en est presque déstabilisant ! A la première vision du film, le spectateur perd ses repères, et se retrouve confronté à une véritable civilisation extra-terrestre !

Mais il est également plongé en pleine tragédie ! Les kryptoniens ayant épuisé les ressources de leur planète, tous vont bientôt mourir, et leur planète va disparaître. Au milieu de ce chaos, Jor El a décidé d'envoyer son fils par delà les étoiles, et de lui laisser en héritage le code génétique de tous les bébés kryptoniens. Echappant de peu au terrible général Zod, et tandis que ce-dernier et ses complices sont cryogénisés, et emprisonnés dans un Vaisseau Fantôme, le petit Kal file en direction de la Terre, emportant avec lui les rêves et les espoirs d'une civilisation qui s'éteint.

A l'image de ce début tragique, le traitement du film est des plus sombres. Presque obscur. L'atmosphère est triste, pesante, voire désagréable, et si cela n'est pas une surprise lorsque l'on sait que le producteur du film n'est autre que le réalisateur des trois derniers Batman, on se demande assez vite si cela va durer tout le film... Car en principe, Superman est un héros positif, solaire, et s'il est parfois tourmenté, il est loin d'être aussi dark que le Batman ! Ce n'est donc pas le Superman dont on a l'habitude, et on n'est peut être pas sur que l'on va passer un bon moment...

Une fois Krypton détruite, on passe ensuite très brutalement à la période adulte du petit Kal, qui est devenu Clark, se déplaçant ici et là et vivant de petits boulots, redoublant d'efforts pour ne pas attirer l'attention sur lui, et sur sa différence. Et cette différence, elle s'est manifestée très tôt, lorsque le jeune homme n'était encore qu'un enfant, élevé par des fermiers du Kansas, Jonathan et Martha Kent (Diane Lane & Kevin Costner, parfaits), dans la campagne avoisinante de la petite ville de Smallville.

Dès l'enfance, Clark comprend qu'il n'est pas comme les autres, et qu'il est capable de faire ce que ces autres ne peuvent pas faire. Et le film nous le raconte au travers de plusieurs flashbacks, avec en prime, un accident de bus scolaire franchement impressionnant. Ici, l'on retrouve des clins d'oeil à un univers connu : on retrouve Lana Lang, on retrouve Pete Ross, on retrouve les Kent, on retrouve un Clark qui se pose beaucoup de questions existencielles, et qui doit désormais découvrir qui il est vraiment.

La suite immédiate se déroule entre flashbacks et installation de la deuxième partie du film : Zod et ses sbires ont échappé à la destruction de Krypton, et ils viennent sur Terre pour réclamer que Kal leur soit remis. Sinon, la planète et ses habitants en subiront les conséquences. Ni plus ni moins. A grands renforts de vaisseaux évoquant des sortes d'araignées tripodes, et capables de reformater l'atmosphère de la planète. Encore une fois, le traitement est sombre, on n'est pas là pour rigoler !

Mais ce qui peut clairement contrarier ici le fan de la première heure, c'est que la narration s'écarte de l'histoire originale, et que beaucoup d'éléments sont ici réinventés. Notamment la façon dont Loïs Lane rencontre Clark. L'incarnation de Loïs par une Amy Adams certes dynamique, mais ne ressemblant clairement pas au personnage, peut également surprendre quelque peu. Pourtant, le caractère est bien là : Loïs est une journaliste battante qui ne s'en laisse pas montrer.

La deuxième partie du film va faire place à beaucoup plus d'action. Et de destructions massives, il faut bien le dire... Mais avant cela, il faut un tournant. Et ce tournant, c'est une scène dans laquelle Clark rencontre la conscience de son vrai père, activée par une clé que le jeune homme insère dans l'ordinateur d'un vaisseau de reconnaissance kryptonien enchassé dans les glaces depuis 18 000 ans. Si à ce stade, les choses peuvent sembler un peu laborieuses, ainsi le fantôme de Jor El va t-il de façon très shakespearienne révéler à son fils quelles sont ses origines, et quel est son héritage. Et le destin de Clark va prendre tout son sens !

Avec cette révélation, et l'acceptation par Clark/ Kal de son héritage extraterrestre et de ses pouvoirs, vient le deuxième tournant visuel du film. Un changement subtil dans le traitement de la lumière. Nous l'avons dit, Superman est un personnage positif, solaire même, puisqu'il tire directement son énérgie du soleil jaune de la Terre. Lorsque les noms de Nolan et de Snyder furent associés au projet, nombreux sont ceux qui se dirent que le film allait être d'une grande noirceur, se référant par là aux oeuvres passées des deux cinéastes. Et je me souviens avoir dit à un ami qui s'en inquiétait : ce qui serait bien, ce qui serait intelligent, ce serait de jouer la carte de la métaphore, ce serait que le film s'éclaire au moment où Clark accepte ses pouvoirs et sa condition de Superman ! Mais vont-ils le voir comme ça ?

Et bien je dois l'avouer, à ma grande surprise car j'avais beaucoup de doutes sur ce point, c'est exactement ce qu'a fait Monsieur Zach Snyder ! A partir du moment où Clark devient Superman, il est constamment éclairé d'une lumière jaune qui tranche avec l'obscurité environnante, et il réfléchit cette lumière sur les personnages qui l'entourent. Mais cela d'une façon très subtile, et avec beaucoup de douceur !

Et c'est là que réside le sens du film, et par delà le film, le sens du personnage de Superman ! Les clés nous étaient d'ailleurs données dès la bande annonce, notamment avec cette phrase très sollenelle prononcée par Jor El : "Tu donneras aux peuples de la Terre un idéal à atteindre. Ils te suivront, ils se rueront sur tes pas, ils trébucheront, ils tomberont, mais le moment venu, ils te rejoindront dans le soleil. Le moment venu, tu les aideras à accomplir des miracles !"

Man of Steel n'est pas qu'un film de super-héros ! Man of Steel est un film sur l'espoir ! Cet espoir qui est symbolisé par cet idéogramme kryptonien en forme de "S" que Superman porte sur son costume.

Et le film entier fait le parallèle entre l'histoire de ce jeune homme qui choisit finalement de devenir adulte en assumant pleinement ce qu'il est, et d'accomplir de grandes choses grâce à ce que la nature lui a donné, et le destin de chacun d'entre nous qui, si nous nous prenons en mains nous mêmes, et assumons pleinement nos propres capacités, pouvons à notre tour accomplir des miracles, et nous réaliser !

Et j'en veux pour preuve que, par delà les combats titanesques entre le héros et les méchants de l'histoire, la scène la plus importante du film est sans aucun doute celle dans laquelle une journaliste du Daily Planet (Rebecca Buller) est prise sous les décombres, et sauvée par de simples humains, ses collègues Perry White (Laurence Fishburne), et Steve Lombard (Michael Kelly), sans aucune aide de Superman, qui apparait dans cette scène comme un dieu lointain, occupé à des affaires de dieux, en l'occurence accaparé par son combat contre le diabolique général Zod. La morale du film est que s'il conserve l'espoir, l'homme trouve sa force en lui-même, qu'il soit un simple humain lambda, ou un Superman en devenir.

Et c'est pour cette raison que Man of Steel est selon moi une adaptation très réussie, malgré la noirceur de son sujet et de son traitement. Cette noirceur ne sert qu'à faire ressortir la lumière que le personnage et le film nous invitent à regarder, cette lumière qui est en chacun de nous. Et en ce sens, Chris Nolan et Zach Snyder ont parfaitement compris le personnage, et parfaitement réussi leur pari en adaptant brillamment l'histoire de Superman, personnage que les humains regardent en se redressant, et en levant la tête, et qui tel un héros de la Grèce antique, porte dans sa main la lumière de l'exemple et de l'espoir.

Au delà de cette morale, le film rend également hommage à Jonathan et Martha Kent, parents terriens adoptifs du petit Kal. Alors même que depuis sa relance éditoriale de 2011, l'éditeur DC a décidé de minimiser leur importance au mépris de tout ce qui avait été précédemment écrit par les précédents auteurs, le film rend justice aux personnages, en démontrant que ce qui fait la bonté de Superman, c'est l'éducation et l'affection qu'il a reçue des Kent étant enfant. Kevin Costner, héros emblématique du cinéma des années 90 est ici l'acteur idéal pour camper Jonathan Kent, dont le courage n'a d'égale que la droiture morale, jusqu'à sa mort. Diane Lane, qui défend quant à elle de nombreuses scènes intimistes et très importantes, incarne tout simplement ici la mère idéale.

Le film pose donc également la question de savoir si l'homme devient ce que la nature a prévu pour lui, ou s'il devient le fruit de son éducation. La vérité se trouvant probablement entre les deux. Ici, Superman accepte d'ajouter ensemble ses deux héritages, mais à la fin du film, il devra faire un choix très radical, par obligation, et par nécessité. La noirceur se rappellera à lui, en quelque sorte, mais c'est aussi pour un meilleur après. C'est aussi peut être parce que finalement, le personnage de Superman n'est pas aussi solaire qu'on le croit ! Si Superman est quasiment un dieu, il est un dieu grec, qui nait dans la tragédie, et il en sera marqué à vie ! Orphelin, étranger, il devra s'intégrer, se chercher, se trouver, et faire la paix avec des origines qu'il sera plus ou moins contraint d'accepter. Si le film baigne dans la noirceur, c'est peut être aussi parce que le personnage est né de la noirceur. Simplement, au contraire du Batman, il ne s'enveloppera pas dedans, mais fera le choix de la lumière ! Batman et Superman représentant donc deux façons différentes de surmonter un traumatisme !

Hors cela, Man of Steel comporte évidemment un déluge d'effets visuels tous aussi époustoufflants les uns que les autres, et son lot de scènes d'actions homériques ! Henry Cavill, l'interprète de Clark, s'est quant à lui forgé une carrure digne d'Hercule (il lui ressemble d'ailleurs beaucoup au début du film, arborant une barbe qui n'est sans doute pas là par hasard), et alterne constamment entre puissance et sensibilité. Sur certains plans, il ressemble même à Christopher Reeve que les générations précédentes ont adoré, et je n'ai pour ma part qu'un regret, c'est que M. Reeve n'ait pas été là pour voir le film. Car je ne doute pas un seul instant qu'il en aurait été très fier !

Pour les connaisseurs, les cinéphiles, les techniciens de l'image, et pour les plus observateurs d'entre nous, le film est également truffé de clins d'oeil et de références à de nombreuses autres oeuvres de science-fiction, à commencer par Star Wars, et certains plans sont même fort amoureusement et respectueusement calqués sur des plans de précédents films de super-héros, notamment des films estampillés Marvel ! Si vous êtes très observateurs, vous les remarquerez peut être, mais là encore, on est dans la douceur et la subtilité.

Pour les techniciens de l'image encore, le traitement subtil de la lumière à partir du moment où Clark devient Superman rappelle aussi le contraste que l'on retrouve dans les pages des comics ! Avec à chaque fois, une moitié du ou des personnages dans le sombre, et une autre moitié éclairée voire légèrement brillante, comme si l'image était une case de bande dessinée. L'obscur solidifie et fait exister, tandis que le clair évoque et fait rêver. Et le principe fonctionne ici même si le costume du héros est effectivement plus foncé. Il est clairement plus brillant que les précédents.

Enfin, comment ne pas évoquer la musique de M. Hans Zimmer ? En 1978, le compositeur John Williams écrivit la partition que l'on connait pour le film de Richard Donner. Une partition inoubliable. Et le challenge de ce nouveau film étant de proposer quelque chose de nouveau, tournant la page du passé et allant dans une nouvelle direction (c'est la raison pour laquelle le titre du film reprend le sobriquet "Man of Steel" - l'Homme d'Acier, et non "Superman"), il fallait donc impérativement une nouvelle partition. Et qui mieux que Hans Zimmer pour écrire un thème commençant par illustrer la mélancolie du personnage, et qui symbolisant sa révélation et son envol, monte ensuite mesure après mesure vers une illumination, et une explosion de joie et de puissance retenue comme par la douceur de la main de Dieu. Du grand Zimmer !

Et le Clark Kent à lunettes, alors, me direz-vous ? Il est où le Clark Kent à lunettes ? On le voit à la fin ou on le voit pas à la fin ?

Eh bien, les amis.... allez voir le film ! 8 )

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